"Un jour, la guerre entre Israël et le Hamas sera terminée"

Par Espen Barth Eide, ministre norvégien des Affaires étrangères

Un jour, la guerre entre Israël et le Hamas prendra fin. Et alors, Israéliens et Palestiniens devront s’engager à nouveau sur la question essentielle de ce qui pourrait constituer un règlement pacifique entre eux. Mais chaque jour qui passe, avec les bombardements, le blocus, les tirs de roquettes et les otages non libérés, il devient de plus en plus difficile de reprendre le processus vers une solution à deux États.

La guerre nous a rappelé qu'il n'y a pas d'alternative viable à un processus de paix et à une solution à deux États. La communauté internationale ne peut continuer à détourner le regard. Nous ne pouvons tolérer 30 années supplémentaires d'occupation, de guerre et de conflit non résolu.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, un mois s'est écoulé depuis l'attaque terroriste barbare perpétrée par le Hamas le 7 octobre. Au total, ce sont 1400 Israéliens qui ont été assassinés. Plus de 230 personnes ont été prises en otage.

Les sirènes d'alerte aérienne continuent de retentir en raison des attaques de roquette qui se poursuivent, et les Israéliens dans tout le pays sont profondément inquiets pour leurs proches. Mais il en va de même pour les Palestiniens. Jour et nuit, la population de Gaza vit au rythme des déflagrations et de la dévastation causées par les bombardements israéliens. Plus de 9000 Palestiniens ont été tués - dont près de la moitié d’entre eux sont des enfants -, et le nombre de morts augmente chaque jour.

Depuis un mois, la population de Gaza est confrontée à de graves pénuries de produits essentiels tels que la nourriture, l'eau, le carburant et les médicaments. Même si des centaines de personnes ont été autorisées à sortir par le point de passage de Rafah vers l'Égypte, plusieurs milliers de ressortissants étrangers, dont 250 Norvégiens, attendent toujours de pouvoir quitter Gaza. Près de la moitié des bâtiments de Gaza ont été endommagés ou réduits à l'état de ruines. Des personnes qui avaient déjà si peu ont désormais tout perdu. Des personnes réfugiées ont été contraintes de fuir de nouveau.

 

Il y a des règles dans la guerre

L'attaque du Hamas du 7 octobre est une violation flagrante du droit international. Nous avons clairement affirmé que le Hamas devait être considéré comme une organisation terroriste. Israël a le droit de se défendre contre les attaques horribles perpétrées par le Hamas.

Dans le même temps, le droit international fixe des limites claires à ce qui est autorisé en temps de guerre. Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire. Dans la mesure du possible, les parties doivent prendre des mesures actives pour distinguer les objectifs militaires de la population civile. En outre, les dommages causés aux civils ou aux infrastructures civiles ne doivent pas être excessifs par rapport à l'avantage militaire escompté. La guerre à Gaza a largement outrepassé ces limites.

Il est explicitement interdit de mener des attaques contre les hôpitaux, le personnel de santé et les infrastructures civiles, et d’empêcher l'accès à l'aide humanitaire vitale pour les civils dans le besoin.

Le droit international humanitaire s'applique tout autant au Hamas : il est interdit de tuer des civils ou de les prendre en otage.

Les tirs de roquettes sans discrimination sur le territoire israélien sont également prohibés, tout comme l’utilisation de civils comme boucliers humains.

En outre, il est inacceptable d'utiliser comme base des écoles, des hôpitaux et d'autres infrastructures pour lancer des attaques militaires contre Israël. Toutes ces actions ne feraient qu'aggraver les risques encourus par une population civile déjà vulnérable.

 

Trois priorités pour la Norvège

La priorité la plus urgente est de garantir une trêve afin d'alléger les souffrances humaines et d'aider les personnes touchées.

La situation à Gaza est désespérée. L'ampleur des destructions est énorme. Un enfant meurt toutes les 15 minutes.

La Norvège dispose d'un vaste réseau à l'intérieur et à l'extérieur du Moyen-Orient, et nous tirons pleinement parti de ces contacts.

Le 27 octobre, la Norvège fut l'un des 120 États membres des Nations unies à voter en faveur d'une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies appelant à une trêve humanitaire, et exigeant que soit délivrée sans entrave une aide essentielle aux civils de Gaza. La communauté internationale exprime sa préoccupation à l'égard des habitants de Gaza et de leur droit à la vie et à la santé. Elle envoie ainsi un message clair à toutes les parties sur la nécessité de respecter le droit international, de protéger la population civile et d'autoriser l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.

Nous devons veiller à ce que l'aide humanitaire parvienne effectivement aux habitants de Gaza.

C'est une question d'urgence. Les résolutions de l'ONU seules ne suffiront pas pour nourrir les personnes affamées. Une partie de l'aide a été autorisée au cours de la semaine dernière, mais ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan.

À Gaza, on manque cruellement de carburant, de médicaments, d’eau et de nourriture. La Norvège a augmenté son aide humanitaire aux Nations unies et aux organisations humanitaires de 200 millions de NOK (18 millions de dollars). Nous avons également exhorté d'autres pays à accroître la leur à la population de Gaza, et à maintenir leur soutien à l'Autorité palestinienne en Cisjordanie.

Si les autorités en Cisjordanie s'effondrent, Israël n'aura personne avec qui négocier le jour où il sera possible de reprendre les négociations de paix.

Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire sortir de Gaza les Norvégiens et les autres citoyens étrangers.

Tous ceux qui demeurent à Gaza sont dans une situation de plus en plus difficile à gérer. Nous nous félicitons des progrès réalisés ces derniers jours, qui ont permis à quelques ressortissants étrangers de quitter la bande de Gaza. Nous travaillons d'arrache-pied pour que les citoyens norvégiens et les autres étrangers puissent quitter Gaza dans les prochains jours. Une équipe norvégienne d'intervention d'urgence déployée par le ministère des Affaires étrangères est en place au Caire, prête à aider ceux qui sortent de Gaza.

 

Le devoir de s'exprimer

La Norvège a le devoir de dénoncer le fait que les actions militaires contre Gaza sont allées trop loin. Nous le faisons en tant qu'ami d'Israël, pleinement conscients du choc subi par la société israélienne face à la terreur du 7 octobre.

La communauté internationale ne peut se contenter de détourner le regard. Nous ne pouvons accepter - et nous n'accepterons pas -, l'énorme souffrance et la dévastation à laquelle nous assistons aujourd'hui à Gaza.

Nous vivons une crise profonde : pour Gaza, pour Israël, pour la Palestine, pour le Moyen-Orient et pour la communauté internationale dans son ensemble. Notre message au Hamas est qu'il doit cesser ses attaques à la roquette contre Israël. Il doit immédiatement libérer les otages et le faire sans condition, et ne jamais utiliser de civils comme boucliers humains.

Une fois la guerre terminée, Israël devra vivre côte à côte avec les Palestiniens et les pays arabes. Le risque d'extension du conflit et le risque d'escalade s'accroissent jour après jour. La violence des forces de sécurité israéliennes et des colons à l'encontre des Palestiniens en Cisjordanie a considérablement augmenté. Les affrontements entre Israël et le Liban sont quotidiens. Dans de nombreux pays du monde, nous constatons que ce qui n’était que des manifestations pacifiques de soutien à la population de Gaza fait place aujourd’hui à une animosité accrue. Nous ne pourrons jamais tolérer que les membres de la communauté juive de Norvège craignent pour leur sécurité en raison de la situation au Moyen-Orient.

 

Les hostilités doivent cesser

Les 2,3 millions d'habitants de Gaza retiennent leur souffle, espérant que leurs familles survivront et qu'ils auront encore un toit au-dessus de leur tête après les bombardements de la nuit suivante. En Israël, des centaines de familles craignent pour les membres de leur famille qui ont été kidnappés, et prient pour qu'ils reviennent sains et saufs.

Cette situation ne peut plus durer. C'est pourquoi nous appelons le gouvernement israélien et les Palestiniens à trouver une autre voie. A mettre fin à la violence. A garantir l'accès de l'aide humanitaire. A libérer les otages. Et à reprendre les négociations sur une solution à deux États.

Liens utiles

One day, the war between Israel and Hamas will be over - regjeringen.no