La Norvège initie bien l’exploration et non l’exploitation de ses fonds marins

La Norvège vient d’autoriser la cartographie et l’exploration de ses fonds marins pour la recherche de ressources minérales dans certaines parties du plateau continental norvégien. Ces ressources pourraient, à terme, contribuer à la souveraineté européenne, à condition que l’exploitation des minerais - si elle devait se faire - puisse être menée de manière responsable et durable.

La Norvège et la France partagent des ambitions communes : résilience, sécurité et compétitivité, mais aussi, lutte contre le réchauffement climatique, respect de la nature et de la biodiversité.


Le respect des Accords de Paris, la réussite de la transition écologique dans l’industrie, l’énergie ou encore les mobilités, nécessiteront de grandes quantités de matières premières critiques (MPC), qu’il ne nous sera pas possible d’obtenir uniquement via le recyclage, la récupération ou les nouvelles technologies. Ces matériaux critiques sont aujourd’hui extraits de terre dans un nombre restreint de pays situés très majoritairement hors de l’Espace économique européen - Etats aux standards divers en matière de stabilité, de démocratie et de respect du droit du travail.


C’est précisément dans ce contexte de vulnérabilité pour l’Europe qui pourrait mettre à mal notre souveraineté stratégique, industrielle et technologique, que le gouvernement norvégien estime que les minerais du plateau continental norvégien pourraient devenir une source fiable de matières premières critiques. Le conditionnel est ici de mise, car nous n’avons toujours pas les connaissances suffisantes à ce jour pour procéder à une exploitation durable de ces minerais.


Aussi, la position du gouvernement norvégien est claire : l’objectif actuel de la Norvège est d’évaluer si et comment une exploitation des minerais du plateau continental peut s’opérer. Des acteurs industriels pourront ainsi cartographier et explorer les fonds marins dans des zones délimitées de notre plateau continental. Il est donc question, à ce stade d’exploration et non d’exploitation des fonds marins. L’approche norvégienne, graduée et basée sur la recherche, garantit qu’il n’y aura pas d’autorisation de premiers plans d’exploitation commerciale sans la preuve que ces activités pourront être menées de manière responsable et durable. A ce titre, nous estimons que la position norvégienne se rapproche de celle de la France, qui plaide, tout comme nous, pour le principe de précaution et le développement, en toute transparence, des connaissances scientifiques sur les fonds marins au niveau mondial.


Nos activités dans les fonds marins sont et resteront conformes à nos engagements internationaux, et notamment à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Coprésidente du groupe de haut niveau pour une économie océanique durable, la Norvège poursuit également sa coopération dans la recherche sur le climat, l’environnement et les océans.

S’il s’avère qu’il est possible d’exploiter les minerais de notre plateau continental tout en respectant l’écosystème, les fonds marins norvégiens pourraient devenir un allié précieux pour la résilience européenne. Si toutefois cela s’avérait impossible, la Norvège ne permettra aucune activité d’exploitation minière dans ses fonds marins. Quoi qu’il en soit, la France et nos partenaires européens savent qu’ils peuvent compter sur l’engagement de la Norvège pour agir en responsabilité, partout dans ses zones maritimes.

Tribune publiée initialement dans Les Échos par Niels Engelschiøn, Ambassadeur de Norvège en France.