La Norvège dégrade ses relations diplomatiques avec l’Afghanistan

« Nous avons clairement signifié aux talibans qu’il n’était pas d’actualité de dire oui à un nouvel ambassadeur afghan à Oslo. Nous avons besoin de contact, et l’engagement de la Norvège envers l’Afghanistan se poursuivra. Mais nous dégradons nos relations diplomatiques », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Espen Barth Eide.

Plusieurs restrictions aux droits humains ont été récemment imposées en Afghanistan. Le soi-disant code moral des talibans prévoit des règles strictes sur la façon dont les femmes et les hommes afghans peuvent se comporter, et il nous est parvenu cette semaine des signes que de nouveaux durcissements frappent particulièrement les femmes et les filles.

Plus tôt cette année, les autorités de facto ont mis fin au service des précédents diplomates auprès de l’ambassade d’Afghanistan à Oslo. Le ministère des Affaires étrangères restreint maintenant les relations diplomatiques avec l’Afghanistan et a clairement indiqué qu’il était hors de question de dire oui à un nouvel ambassadeur à Oslo si les talibans le souhaitaient.

« La Norvège a toujours été claire sur le fait que les talibans doivent s’occuper des droits humains du peuple afghan maintenant qu’ils sont en charge de la gestion du pays. Récemment, d’autres restrictions ont été imposées, touchant particulièrement les femmes et les filles afghanes. C’est pourquoi la Norvège dégrade ses relations diplomatiques », explique M. Eide.

La Norvège défend le droit international en tant que pierre angulaire des relations entre les États. En vertu du droit international, la Norvège peut refuser de recevoir un nouvel ambassadeur afghan. 

« La Norvège a également clairement indiqué qu’il n’était pas d’actualité d’accréditer un ambassadeur norvégien en Afghanistan dans l’état actuel des choses », a déclaré M. Eide.

Ce durcissement n’affecte pas les canaux de contact de la Norvège avec les talibans. Le ministère des Affaires étrangères souhaite trouver une solution qui puisse également prendre en charge les besoins consulaires des Afghans en Norvège, au Danemark et en Islande, ainsi que d’autres fonctions d’une ambassade.

« Ceci est une conséquence de l’évolution politique en Afghanistan, et non d’un changement de ligne politique. Nous continuerons d’être en contact avec ceux qui sont de fait au pouvoir en Afghanistan, mais pas par l’intermédiaire d’un ambassadeur à Oslo. Le contact est le seul moyen de les amener à rendre des comptes et d’œuvrer pour une meilleure direction politique, notamment pour les droits des femmes et des filles. C’est aussi un conseil que je reçois de la société civile afghane à l’intérieur du pays », explique Eide.

La diplomatie est importante, également dans les contacts avec les États où nous sommes en profond désaccord avec ceux qui gouvernent de fait. Avec cette dégradation, il ne devient possible que d’accueillir un bureaucrate pour gérer les affaires consulaires, les visas et autres questions urgentes. Le ministère des Affaires étrangères est en contact avec les autorités afghanes de facto et les pays proches afin de se coordonner autour de l’évolution de la situation.