Espen Barth Eide, ministre norvégien des Affaires étrangères : « Visiter la Syrie aujourd’hui suscite une forte impression »

« La Syrie pourrait se trouver à un tournant. Jusqu’à présent, le gouvernement de transition a donné des signaux positifs, mais il faut être préparé à ce que l’évolution puisse se faire dans un sens comme dans l’autre. Durant cette phase décisive, il est important que la communauté internationale contribue à une évolution positive. C’est la raison pour laquelle je suis venu en Syrie », a déclaré le ministre norvégien des Affaires étrangères Espen Barth Eide.

Le ministre s’est rendu aujourd’hui en Syrie, où il a rencontré à Damas Ahmed Al-Charaa, qui dirige le gouvernement de transition. Il s’est également entretenu avec des représentants de la société civile, de l’ONU et des organisations humanitaires norvégiennes qui travaillent en Syrie.

« Lors de mon entretien avec le gouvernement de transition, j’ai souligné la nécessité de poursuivre une transition pacifique, d’être inclusif et de respecter les droits humains. Rendre visite à un pays qui est confronté à de si grands changements suscite une forte impression. Après que la population syrienne a vécu durant plus de 50 ans sous le régime d’Al-Assad et subi pendant 13 ans une guerre sanglante, j’ai le sentiment qu’elle s’attend à tout », a affirmé M. Barth Eide.

Après treize années d’une guerre civile qui a coûté la vie à un demi-million de Syriens, les défis sont nombreux. Neuf Syriens sur dix vivent en-dessous du seuil de pauvreté. 17 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire. 7 millions de Syriens ont fui le pays et 6 millions sont déplacés dans leur propre pays. D’importantes infrastructures ont été détruites ou sont devenues obsolètes. Les services de santé et le système éducatif sont très affaiblis.

« La Norvège soutient un processus politique dirigé et contrôlé par la Syrie. Nous poursuivrons l’engagement norvégien de longue date en faveur du peuple syrien et contribuerons à ce que la Syrie réussisse cette transition. Une Syrie stable, où tous les habitants cohabitent en sécurité, est essentielle pour la stabilité au Moyen-Orient. Il est important aussi que la Syrie ne devienne pas un terreau propice à l’extrémisme qui menacerait la région ainsi que l’Europe. Ceci est crucial non seulement pour les Syriens eux-mêmes, mais aussi pour les pays voisins, pour la Norvège et pour notre sécurité », a souligné Espen Barth Eide.

« De nombreuses lignes de fracture se chevauchent en Syrie. Nous devons œuvrer pour que la Syrie devienne un pays sûr pour tous ses habitants, quelles que soient leur origine ethnique et leur religion. Il est également primordial que les autres pays respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie », a déclaré Espen Barth Eide.

Un engagement de longue date de la Norvège en faveur de la Syrie

La Syrie, de même que la Jordanie et le Liban voisins qui ont été touchés par la guerre en Syrie, a été pendant de nombreuses années le plus grand bénéficiaire de l’aide norvégienne. Entre 2016 et 2019, la Norvège a fourni 10 milliards de NOK aux Syriens, y compris aux réfugiés syriens en Jordanie et au Liban voisins. En 2024, la contribution totale de la Norvège s’est élevée à 569 millions de NOK, dont environ 490 millions pour l’aide humanitaire et 79 millions pour les efforts de stabilisation. L’aide totale de la Norvège à la Syrie et aux pays voisins impactés par la crise en Syrie s’est montée à 1,1 milliard de NOK en 2024.

Le soutien de la Norvège porte sur tous les secteurs en Syrie : la santé, la sécurité alimentaire, l’éducation, le déminage, la protection, la remise en état des infrastructures et la reconstruction du secteur agricole, les petites entreprises, les mesures destinées aux jeunes dans et autour des camps de déplacés internes et les initiatives ciblant les femmes. Nos partenaires importants sont le Conseil norvégien pour les réfugiés, Norwegian People’s Aid, Norwegian Church Aid, Save the Children, Norwac, Care, le mouvement de la Croix-Rouge et l’ONU.

La Syrie est l’un des pays au monde où se trouve la plus grande part de résidus explosifs de guerre. 3 353 civils auraient été tués par des munitions non explosées depuis 2011. À cause des mines, il est difficile pour les déplacés internes de revenir chez eux et pour les agriculteurs de cultiver la terre et produire de la nourriture dans de grandes parties du pays. La Norvège soutient le travail mené en Syrie par des organisations comme Norwegian People’s Aid, le Groupe consultatif sur les mines (MAG) et HALO.