Quelle voie pour la politique étrangère et de sécurité norvégienne ?

Le gouvernement compte poursuivre les grandes lignes de la politique norvégienne de sécurité, renforcer la coopération européenne et augmenter les efforts en direction des régions voisines du sud de l’Europe. La situation actuelle en matière de sécurité est grave. Dans un nouveau rapport au Parlement, le gouvernement expose la voie à suivre pour que la Norvège soit la mieux armée possible face aux défis qui se profilent. Ce rapport a été adopté en Conseil des Ministres le 21 avril.

Les grandes lignes

Le rapport au Parlement préconise le renforcement des instruments existants dans le domaine de la politique de sécurité, à travers une coopération transatlantique resserrée, une attitude ferme et constante envers la Russie et un engagement fort pour le respect du droit international.

L’OTAN et la garantie de sécurité américaine restent ancrées dans la politique norvégienne. La Norvège devra continuer à travailler pour que l’OTAN s’adapte, afin que la responsabilité collective de l’alliance réponde aux problèmes récents comme aux tensions internationales anciennes.

Il est déterminant pour la Norvège de disposer d’une défense forte. Le plan à long terme du secteur militaire, ce dernier rapport au Parlement et celui consacré à la sécurité de la communauté nationale constituent la stratégie générale du gouvernement face aux difficultés qui se font jour aujourd’hui.

La Norvège doit poursuivre une politique ferme et prévisible à l’égard de la Russie. Les deux pays ont beaucoup d’intérêts en commun, en raison de leur proximité géographique dans les zones septentrionales.

Les changements qui ont affecté le panorama mondial démontrent à quel point il est important de préserver et de développer les institutions de coopération internationale. La Norvège assumera sa part de responsabilité, notamment en postulant à la présidence de l’OSCE en 2020 et à un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies pour la période 2021-2022.

Le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et les principes de l’état de droit sont le fondement même de la sécurité et de la liberté, qu’il s’agisse de la Norvège, du reste de l’Europe ou des autres régions du monde. Il sera toujours dans l’intérêt de notre pays de s’inscrire dans un ordre international prévisible et basé sur le droit.

Des voies nouvelles

Dans le même temps, la situation actuelle exige que la Norvège s’engage dans de nouvelles voies. L’une des principales conclusions du récent rapport au Parlement porte sur la nécessité de renforcer la coopération en matière de sécurité avec nos alliés européens et avec les autres pays nordiques.

Il est de l’intérêt de la Norvège de collaborer étroitement avec l’UE et les autres pays d’Europe dans toute une série de domaines, dont la gestion civile et militaire des crises, le contrôle des frontières extérieures, la police et le renseignement, les mesures d’intégration et de lutte contre la radicalisation.

L’Europe ne saurait jouir de la paix et de la stabilité sans que l’ensemble du continent connaisse une évolution positive sur un mode pacifique. C’est pourquoi la Norvège devra soutenir activement les réformes, le progrès économique et l’avancée de la coopération européenne au profit des pays des Balkans occidentaux et de l’est de l’Europe.

Quant aux zones situées plus au sud, elles sont le théâtre de problèmes de sécurité générés par la guerre, différents conflits et la faiblesse structurelle des États, et dont l’impact se fait de plus en plus ressentir en Norvège. Le gouvernement estime qu’il y a lieu d’investir dans la sécurité nationale et européenne en intensifiant l’effort à destination des régions instables proches des frontières méridionales de l’Europe.

Une stratégie sera mise en place pour accroître l’implication de la Norvège dans les pays et les zones vulnérables du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et du Sahel. La Norvège, dans toute la mesure du possible, devra coordonner son engagement avec celui de l’UE et des Nations Unies. Différents moyens d’action devront être envisagés comme faisant partie d’un ensemble, notamment l’assistance humanitaire, l’aide au développement à long terme, la diplomatie en vue de la paix et de la réconciliation, différentes formes de création de compétences et l’assistance militaire.

Contexte

Au cours de l’automne 2015, le gouvernement a pris l’initiative d’une révision de sa politique de sécurité. Ce projet a donné lieu, durant dix-huit mois, à un large débat public sur les axes principaux de la politique de sécurité de notre pays, et a permis de recueillir les avis d’instances spécialisées, en Norvège même comme hors de nos frontières. Ce travail a débouché sur le rapport cité, qui remet à jour la politique norvégienne face à une situation caractérisée par des enjeux plus graves et une moindre prévisibilité.

Les changements qui ont affecté la situation internationale sont essentiellement liés aux événements survenus sur le continent européen et dans le périmètre alentour. L’annexion de la Crimée par la Russie au printemps 2014 et la déstabilisation de l’est de l’Ukraine ont incité l’OTAN à replacer la responsabilité collective au centre de ses préoccupations, et ont révélé l’importance du rôle qui doit revenir à l’UE en tant qu’acteur dans le domaine de la sécurité. Au même moment, une ceinture d’États instables et faibles s’est formée aux marges sud de l’Europe, devenant le terreau d’un extrémisme violent qui sévit à la fois dans cette région du monde et dans les pays européens, et poussant à la fuite des millions de personnes en quête d’un avenir meilleur.

Le manque de cohésion et de coopération entre les pays européens a affaibli, à différents moments, la capacité collective de l’Europe à gérer les défis auxquels elle se trouvait confrontée. Au plan mondial, de nouveaux rapports de forces risquent de faire reculer l’adhésion aux normes internationales et à l’universalité des droits de l’homme. La propension des États à tenter de parvenir à leurs fins par le biais de la force militaire conventionnelle, d’opérations dissimulées et d’une collaboration avec des acteurs non gouvernementaux s’est accentuée. Les tendances isolationnistes et protectionnistes à l’œuvre dans plusieurs pays sont de nature à entraver les dispositions contraignantes en matière de coopération internationale et de commerce.

C’est dans ce contexte que le dernier rapport au Parlement formule l’intention de miser davantage sur la coopération européenne et nordique, tout en accroissant l’effort en direction des pays fragilisés situés dans les zones méridionales voisines de l’Europe. Dans le même temps, les principes phares de la politique étrangère et de sécurité norvégienne resteront en vigueur : l’attachement à une OTAN et une coopération transatlantique fortes, une politique active concernant les zones du Grand Nord, l’engagement concret en faveur d’un ordre international fondé sur le droit des peuples et sur le dialogue au sein des Nations Unies et d’autres institutions internationales.

Ce texte vient en outre compléter le rapport sur les problématiques de sécurité planétaires, le plan à long terme relatif au secteur de la défense et le rapport sur la sécurité de la communauté nationale.