Les conséquences des changements climatiques pour l’économie norvégienne

En octobre 2017, le gouvernement norvégien a nommé une commission chargée d'évaluer les facteurs de risque liés au climat et leur importance pour l'économie norvégienne. Le 12 décembre 2018, la commission a remis son rapport au ministère des Finances. En voici les principales conclusions.

  • Le changement climatique est synonyme de risque climatique. Le changement climatique présente non seulement un risque physique, mais également un risque de transition - le risque associé aux impacts économiques de la transition vers une économie sobre en carbone.
  • Il est impossible de prédire complètement les effets du réchauffement planétaire. L'impact du changement climatique dépendra de la rapidité avec laquelle les changements se produisent, de leur ampleur, ainsi que de la capacité d'adaptation des sociétés et des écosystèmes.
  • La possibilité d'un changement climatique catastrophique ne peut être exclue, même si nous parvenons à limiter les émissions de carbone. Si des points de basculement critiques sont franchis, cela peut déclencher des processus d'auto-renforcement qui provoquent davantage de réchauffement. Du point de vue des risques, il est important d’examiner tous les résultats possibles, et pas seulement les plus probables.
  • Le développement technologique est essentiel pour éliminer les émissions de carbone.
  • L’économie norvégienne est fortement intégrée à l’économie mondiale et directement exposée aux développements qui ont lieu ailleurs. Si des États déjà vulnérables subissent les effets négatifs majeurs du changement climatique, le risque d'instabilité politique, de catastrophe humanitaire et de conflit violent dans et entre États sera accru. L'augmentation des flux migratoires, l'instabilité des prix des denrées alimentaires, la rupture des approvisionnements et la modification des structures de production et des échanges commerciaux affecteront l'économie mondiale et norvégienne. En outre, la Norvège est exposée au travers des importants avoirs financiers internationaux de son fonds souverain.
  • Une évaluation globale des principaux facteurs de risque indique que l'économie norvégienne est relativement résiliente dans un scénario caractérisé par un changement climatique modéré. Les pays riches de l'hémisphère nord sont généralement moins exposés aux effets négatifs directs du changement climatique que les pays plus pauvres du Sud.
  • Comparé au risque physique du changement climatique, le risque de transition est gérable. Une politique climatique mondiale efficace réduira la valeur des réserves de pétrole restantes de la Norvège, mais ce risque est gérable du point de vue de la richesse nationale. En tant qu'outil de gestion des risques, le gouvernement norvégien devrait établir des scénarios comportant des trajectoires de prix pour le pétrole, le gaz et le CO2, y compris un scénario reflétant les ambitions de l'Accord de Paris. De tels scénarios faciliteront de meilleures prises de décision dans le secteur public et pourront être utilisés pour tester l’exposition de la Norvège au risque de transition.
  • Pour les entreprises individuelles, le risque de transition pourrait être important et devrait être mieux compris et géré. Une attention accrue portée sur les connaissances, l'analyse de scénarios et la gouvernance d'entreprise est importante pour la gestion des risques climatiques du secteur privé.
  • Le marché financier est un domaine clé de la gestion des risques climatiques. La transition vers une économie sobre en carbone nécessite des investissements importants et représentera donc à la fois des risques et des opportunités pour les entreprises. Pour gérer correctement les risques de perte et exploiter les opportunités, les acteurs des marchés financiers doivent bien comprendre le risque climatique, et une meilleure information est un outil essentiel.
  • Le gouvernement devrait promouvoir les principes de divulgation et de communication de l'information recommandés par le Groupe de travail sur les divulgations financières liées au climat (TCFD). Ces rapports amélioreront la compréhension du risque climatique, tant au sein des entreprises qu’au niveau des investisseurs.
  • Un cadre de divulgation des risques climatiques inspiré par le TCFD devrait également être mis en œuvre au niveau national. De tels rapports serviront à renforcer la transparence et serviront de base à une meilleure gestion des risques climatiques et à une meilleure prise de décision. Un cadre potentiel pour de tels rapports est présenté dans le rapport.

Pour accéder au rapport complet en norvégien :
https://www.regjeringen.no/contentassets/c5119502a03145278c33b72d9060fbc9/no/pdfs/nou201820180017000dddpdfs.pdf 

Pour accéder au sommaire du rapport en anglais :
https://www.regjeringen.no/en/dokumenter/nou-2018-17/id2622043/