Intervention d'Erna Solberg au séminaire sur Bjørnstjerne Bjørnson à Paris, le 27 février 2018

English version below

Seul le prononcé fait foi

 

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Ce rassemblement vient douloureusement nous rappeler la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, en janvier 2015.

Le Président François Hollande, l'ancien Premier Ministre Laurent Fabius, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo et moi-même avions tous pris part à la « marche républicaine » après les terribles attaques terroristes.

Nous ne devons jamais oublier l'importance de la justice, du respect et de la réconciliation, les sujets dont nous discutons aujourd'hui.

*

Nous sommes ici aujourd'hui pour commémorer le souvenir de l'écrivain norvégien, prix Nobel et humaniste Bjørnstjerne Bjørnson, et son engagement dans l'affaire Dreyfus il y a 120 ans.

Le gouvernement français était si reconnaissant de ses efforts qu'il a pris en charge ses frais médicaux durant les dernières années de sa vie.

Il est mort à l'hôtel Wagram en 1910, tout près d’ici.

Une plaque commémorative fut apposée sur le mur de l'hôtel.

Elle a été restaurée grâce à la Mairie de Paris, à la journaliste norvégienne Vibeke Knop Racheline, ici présente, et à l'ambassade de Norvège.

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L'héritage de Bjørnson est un rappel du rôle que les artistes et les intellectuels peuvent jouer dans la politique et la société européennes.

Il illustre également la façon dont les messages pouvaient franchir les frontières nationales bien avant Internet et les réseaux sociaux.

L'article d'Emile Zola « J'accuse ! » a été publié dans le journal L'Aurore le 13 janvier 1898.

Il n'a fallu que six jours pour que la lettre de remerciements de Bjørnson à Zola soit publiée en première page du même journal.

Elle fut ensuite publiée le lendemain dans le Frankfurter Zeitung.

*

Nous devons nous en souvenir et en tirer des leçons.

L'une des raisons pour lesquelles je trouve la France inspirante, est que les Français sont particulièrement doués pour apprendre de leur histoire.

Je suis également inspirée par le Président Macron, son énergie et son engagement envers la France, l'Europe et le reste du monde.

Et nous pouvons tous nous inspirer de Bjørnstjerne Bjørnson.

Son soutien à Dreyfus il y a plus d'un siècle est un exemple pour nous tous.

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Dans la lutte contre l'intolérance, l'extrémisme et les autres forces qui essaient de saper nos démocraties libérales, nous devons toucher les jeunes.

La France est le premier pays à produire un « remake » de la série télévisée norvégienne SKAM, une série consacrée à la vie quotidienne des adolescents dans une école d'Oslo.

Elle traite des questions telles que le fait d'être différent, par exemple être gay ou être une femme musulmane non blanche essayant de s'intégrer, face à une majorité blanche et essentiellement laïque.

C’est de cela dont il est question, en pratique, quand il est question d’intégration.

Accepter nos différences et soutenir la démocratie et la justice, la liberté d'expression, la liberté de croyance et de religion.

Cette série a su séduire un jeune public dans le monde entier, dont la France.

J'ai hâte de rencontrer certains des acteurs français de SKAM plus tard dans la journée.

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Je suis convaincue que l'ouverture est la clé pour lutter contre la discrimination et les «fake news».

Aujourd'hui, nous sommes submergés par tant d'informations.

Mais la réponse n'est pas de restreindre la liberté d'expression.

Nous devons plutôt éduquer nos jeunes afin qu'ils apprennent à filtrer et à évaluer de façon critique ce qu'ils lisent et entendent.

C'est la raison pour laquelle je donne une telle priorité à l'éducation.

Je suis heureuse de voir que le Président Macron fait de même.

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Mesdames et Messieurs,

Il y a 120 ans, Bjørnson, Zola et d'autres prenaient fermement position contre le traitement injuste d'Alfred Dreyfus.

Nous faisons encore face à des défis qui sont tout aussi importants aujourd'hui.

Cette plaque nouvellement restaurée rappelle clairement les idéaux auxquels nous devrions tous aspirer.

Merci beaucoup pour votre attention.

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Mr President,
Excellencies,
Ladies and gentlemen,

This gathering is a stark reminder of the last time we all met in January 2015.

President Francois Hollande, former Prime Minister Laurent Fabius and the editor of Charlie Hebdo and I all took part in the solidarity march after the appalling terrorist attacks.

We must never forget the importance of justice, respect and reconciliation, the topics we are discussing today.

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We are here today to commemorate the Norwegian author, Nobel laureate and humanist Bjørnstjerne Bjørnson, and his engagement in the Dreyfus affair 120 years ago.

The French government was so appreciative of his efforts that it met his medical expenses during the last years of his life.

He died at the Hotel Wagram in 1910, just around the corner from here.

A commemorative plaque was placed on the wall of the hotel.

This has now been restored thanks to the Mairie de Paris, Norwegian journalist Vibeke Knop Racheline and the Norwegian Embassy.

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Bjørnson’s legacy is a reminder of the role artists and intellectuals can play in European politics and society.

It also illustrates how messages could transcend national borders long before the internet and social media.

Emile Zola’s article “J’accuse!” was published in the newspaper L’Aurore on 13 January 1898.

It only took six days for Bjørnson’s letter of thanks to Zola to be published on the front page of the same paper.

It  was then published the following day in the Frankfurter Zeitung.

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We must remember this and learn from it.

One of the reasons why I find France inspiring is that the French are so good at learning from their history.

I am also inspired by President Macron and his energy and commitment to France, Europe and the world beyond.

And we can all draw inspiration from Bjørnstjerne Bjørnson.

His support for Dreyfus more than a century ago is an example to us all.

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In combating intolerance, extremism and other forces that are seeking to undermine our liberal democracies, we need to reach young people.

France is the first country to produce a remake of the Norwegian tv-series SKAM, a series about the daily life of teenagers at a school in Oslo.

It deals with issues such as being different, for instance being gay or a non-white Muslim woman trying to fit in with a mainly secular white crowd.

This is what integration is about in practice.

Accepting our differences and supporting democracy and justice, freedom of speech, freedom of faith and religion.

This series has appealed to young audiences all over the world, including France.

I look forward to meeting some of the French SKAM actors later today.

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I am convinced that openness is the key to to fighting discrimination and “fake news”.

Today, we are overwhelmed with so much information.

But the answer is not to restrict freedom of expression.

Rather, we must educate our young people so that they learn to filter and critically assess what they read and hear.

This is why I give such high priority to education.

I am happy to see that President Macron is doing the same.  

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Ladies and gentlemen,

One hundred and twenty years ago, Bjørnson, Zola and others took a strong stand against the unjust treatment of Alfred Dreyfus.

We still face challenges that are just as great today.

This newly restored plaque is a clear reminder of the ideals we all should aspire to.

Thank you very much for your attention.

Merci beaucoup.